Nuit du réveillon

Publié le par Chris

31 décembre au soir.
        21h16. Déjà dans ma chambrette, repas terminé, Sébastien à la télé, bruit de fond, comme une fenêtre sur le monde qui va fêter la nouvelle année… Aujourd'hui, j'ai eu Paul et Laurence. Presque "Paul et Virginie". Ils vont se marier… Et je serai de la fête, car à aucun prix je ne raterai un si beau moment. Ils sont si mignons tous les deux, et quand ils me parlent, trop rarement se dit-on tout le temps, je ressens plein de vagues d'amour, une douce chaleur qui me ravigore et me donne envie de déplacer des montagnes. J'espère leur en envoyer autant.
        Un message de Laurent sur le portable. Aussi réservé que lui. C'est celui qui m'aime beaucoup, la réciproque est vraie, mais qui a toujours tant de choses à faire qu'il n'en trouve pas pour m'inviter à grignoter un bout dans son deux-pièces vue Méditerranée devant un bon film comme Moulin Rouge. On se verra, il l'a promis une nouvelle fois.
        Nathalie m'a appelé… Nathalie… Elle est tout un poème, non, une symphonie, mieux, l'hymne à la vie. Oui, à ce point, tant elle aime le cœur. J'ai noirci des pages pour elle dès que je l'ai rencontrée, il y a quatre ans de ça. C'était l'histoire d'un Prince Poète qui découvre sa Muse dans un tout petit village, le dernier endroit où elle pouvait habiter. J'ai même eu le culot de mettre toute ma prose dans sa boite aux lettres, elle n'a pas apprécié, j'en avais un peu trop fait. Depuis, sans qu'elle le sache, elle est la Janet de mon roman "Le Pont" que je ne terminerai peut-être jamais, ou peut-être que si, la vie le dira. Nathalie ce soir n'avait pas la grande forme. Elle expérimente l'indécision, l'attente, l'impatience, et aussi l'envie d'y croire, le besoin de plonger dans un inconnu qu'elle redoute, comme chacun de nous, le plaisir des choix qu'elle se sent obligée de faire, dont un crucial et qui semble très urgent : l'est ou le sud… Rester à Nant ou retourner dans le Territoire de Belfort… Dilemme… Continuer à y croire dans un petit village de 400 habitants perdus au fin fond de l'Aveyron ou renouer avec son ancienne vie de serveuse dans les bars suisses… Son cœur penche vers son rêve d'une vie naturelle où vivre de ses créations, avec un homme pas facile qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau, bien sûr, mais l'est est si rassurant. L'est est son connu, le sud encore inconnu mais l'endroit de tous ses grands rêves d'amour. Je ne peux pas choisir pour elle, je m'en garderai bien, mais si j'étais à sa place… Non, c'est complètement idiot. Elle seule est à sa place, elle seule peut décider, et trouver du bon dans le mauvais quand elle croira ne pas avoir fait le bon choix… On est tous comme ça, on passe tous par des phases de lumière intense et de profonde obscurité. La vie n'est pas chose facile quand on sait que l'on est là pour s'éveiller, comme elle le dit à longueur de journée. Oui, ce soir, mon amie, ma "Soror Mistica", mon beau miroir, ce soir, ma douce amie Muse ne va pas très fort. L'amour lui échappe, la vie lui pèse, et sa peur d'échouer la tenaille. Pendant ce temps, je lui écris ces quelques phrases qu'elle ne lira peut-être jamais. Elle est mon Amie, je l'aime. Merci à toi Nathalie d'exister sur ma terre. Si je peux faire quelque chose…
        Pris d'un élan de compassion, chose rare que j'expérimente peu souvent tant il demande de force, d'écoute, d'oubli de soi, je suis toujours logique dans mes paresses, j'ai appelé Claire, mon irlandaise de fille, mon scorpion invincible, ma fifille à moi qui se plaît à me rappeler fréquemment qu'elle est plus grande que moi. Répondeur, comme d'hab, je lui ai fait plein de bisous et dit à quel point je l'aime. C'est une super-nana ! C'est bien simple, je n'ai pas de mots pour décrire toute mon admiration pour elle. Bref. Ca doit être normal pour un père… qui éprouve envers elle tant de reconnaissance pour une si belle réussite malgré toutes ses absences… Culpabilité, quand tu nous tiens ! Qu'est-ce qu'elle est belle et comme je suis fier, idiot je sais, d'elle…
        Porté par la même force incompréhensible, j'ai appelé Florian, dans la foulée, sans faire ni une ni deux ni réfléchir cent sept ans. Miracle, il a répondu. Car mon neveu, comme ma fille, serait-ce un truc de leur génération ?, sont équipés de portables dernier-cri toujours injoignables. Oui, ça doit être la rançon du progrès. Mais, miracle, donc, je l'ai eu directement et j'ai failli en lâcher le mien tant j'étais estomaqué par la perfection de la téléphonie mobile. Il va bien. Enfin, ça pourrait aller mieux mais aussi plus mal. Il fait de superbes choses mais ça lui coûte d'un autre côté. Marrant comme la vie n'est pas évidente. Elle va et elle vient, mais, comme disait l'autre, c'est mieux quand ça va. Il s'occupe avant tout de son petit frère, Romain, mon neveu aussi, logique, qui a bien besoin de son aide. Il en prend soin à s'en oublier et des fois ça fait mal de ne pas se sentir aimé et apprécié pour tout le bien qu'on fait. Alors il en a un peu marre. Mais, tant pis, envers et contre lui, il va continuer à assumer son choix, son frère qu'il veut que son papa aime très fort. Bel effort, beau courage, j'admire, point à la ligne. On apprend tous les jours. Coup de chance, Florian fête le réveillon avec Claire ! Du coup j'ai eu ma fille sur le portable de mon neveu tandis que mon message sonnait sur le sien. La vie est simple de nos jours !
        Qui me restait-il pour clore une si belle liste ? Mon fils, Julien, qui a répondu à la deuxième sonnerie, vive SFR, pour m'avouer après bien des détours qu'il préférerait passer le réveillon au premier étage avec de jolies filles de 17 ans installées devant la télévision, plutôt qu'avec les vieux, dont sa mère, qui n'avaient même pas encore fini l'apéritif à neuf heures. Faut dire que je le comprends. D'abord rester avec des croulants qui se bourrent la gueule alors qu'on n'a même pas le droit de boire le quart d'une flûte à champagne, ça fait mal aux dents. En plus on comprend rien à ce qu'ils racontent et c'est même pas marrant. Quant à trouver le courage de monter un étage pour aller retrouver des filles plus vieilles de quatre ans qui ne manqueront pas, forcément, de le prendre pou un bébé, c'est pas évident du tout. Donc je l'ai compris sur les deux tableaux. Aussi me suis-je permis incidemment de lui apprendre qu'à son âge je préférais toujours les filles plus grandes que moi et que ça m'avait valu bien des plaisirs. Va savoir ce que ça lui a remué dans les méninges, mais en le quittant sur un gros bisous et un sonore "je t'aime", j'ai eu l'impression qu'il allait peut-être penser plus sérieusement, sous n'importe quel prétexte, à monter dare-dare au premier, malgré l'effort énorme que ça représente. Enfin, je crois… Il me dira.
        Tu vois, je suis peut-être tout seul dans ma chambrette, avec maman à côté qui éclate de rire sur je ne sais quelle émission, un très bon signe, mais je me sens bien avec ceux que j'aime de tout mon cœur : eux, toi qui a une pensée pour moi sans que je le sache et auquel je pense dans la plus grand discrétion, entre nous quoi !…

Publié dans Journal intime

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L
Chris que 2006 t'apporte la rémission et la guérison totale,que 2006 te laisse finir le pont que 2006 fasse que tes joues traversent devant mes lèvresque 2006 soit l'année du merveilleux tremplin pour nous tous<br /> je pense à toi trés fort trés souvent mais je suis trop souvent azimutée, je n'ai plus le temps de vous lire mon crap et toi bien que vous soyez mes deux préférés, mes indispensables ...beaucoup de choses me sont arrivées et c'est bien, il faut juste que réduise mon temps de sommeil d'une heure ou deux pour ne pas vous abandonner.<br /> Faite que tu guérisses et que tu sois heureux<br /> énormes bisouilles
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Que 2006 t'apporte ce que tu n'as pas pu obtenir en 2005!<br /> J'aime beaucoup ton blog continue il est vraiment bien!!!
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M
Coucou Chris, on est en 2006..C'est une nouvelle année qui commence, on a donc le droit d'espérer.... comme moi je vais espérer ...Je te fais un gros bisou   et ...
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F
Je ne sais si tout cela est voyeuriste de ma part, de la tienne, c'est en cette sève que je trouve aussi la vérité, on s'en fout Chris du succès, est-ce la raison primordiale, il viendra s'il est fondé, le jour où tu ne l'attendras plus. Je te le souhaite enj tout cas, pas vraiment le succès, plus la reconnaissance, pour ce que tu délivres ici, ou ailleurs...<br /> Je comprends assez ton état du jour, marrant, je nage pour ainsi dire dans les mêmes eaux, l'esprit néanmoins occupé au déménagement prochain.<br /> Quant à savoir si ton ami me plairait, je plaisantais évidemment, je ne suis pas en carence à ce point !
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C
Oui, j'ai aussi ressenti de l'étonnement en voyant mes mots sur la page. C'est vrai qu'il est rare de ma part de me laisser aller au point de tout dire de la vraie vie qui est la mienne. Laisser mon coeur parler, tu me donnes la clé de mon écriture... Merci David. Ne plus viser le succès mais l'honnêteté, la sincérité de vrais sentiments bien humains, loin des grandes phrases ou des fictions métaphoriques. Je te suis infiniment reconnaissant de m'aider à m'engager sur cette voie qui me semblait, comme tu le dis si bien, trop "voyeuriste". <br /> Vais-je bien ? Je suis entre les deux, sur le fil du rasoir, comme d'habitude. Entre l'enfer et le paradis, je suis l'observateur et l'observé... J'ai mes hauts et mes bas, comme tout un chacun, et je préfère l'altitude, jusqu'à fuir les profondeurs obscures qui m'habitent. L'ombre et la lumière mènent encore un combat là où ne devrait qu'exister la paix. Cette nuit, tandis que l'armoire ancienne craquait à tout va, que je ressentais une présence dans ma chambre, quelqu'un qui avait besoin d'aide, peut-être moi tout simplement, je me suis mis à réciter, toujours en songe : "que dieu me bénisse, qu'il nous bénisse et nous protège". J'en suis encore tout surpris car voilà cinq ans que je rejette le faux Dieu que l'on m'a appris et toutes ses églises où danse la folie de l'Homme. Ainsi tu le vois, tu le sens, j'oscille. J'ai soif d'action et rien ne se présente. J'ai soif de passion et reste solitaire. J'ai faim d'aventures et me paralyse... Mon équilibre est bien fragile mais je reste persuadé que j'apprends tous les jours à aller mieux... Je ne saurai te dire avec certitude comment je me sens tant mes pensées s'entrechoquent, mais je crois, oui, je le ressens, que je franchis des caps importants. <br /> Je pense aussi très fort à toi ! PS : Laurent te plairait beaucoup, un véritable éphèbe doublé d'un comédien dans l'âme !...
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