Et on s'appelle "Humanité" ?

Publié le par Chris Saint James






J't' l'ai pas dit ?... J'crois pas... Enfin bref, j'ai la télé. Si. J'ai craqué. Le monde civilisé ne l'est plus sans le petit écran dans chaque foyer. Big Brother is so big !... Elle est donc revenue chez moi, via maman, qui ne vit plus sans, celle de sa chambre d'ami, mais tu t'en fous et t'as raison.

J'ai donc la télé. Parce que les perfs sans télé c'est impossible à gérer. Parce qu'elle m'aide dans mes bas à oublier ce que je vis, voire qui je suis, et surtout ma solitude dont je commence à me rendre compte. Mais là n'est pas la question car je l'ai choisie et elle ne me pèse pas.

J'ai donc la télé. Et je viens d'apprendre que les guerres (imbéciles, est-ce à rajouter ?, pour des pierres précieuses sous couvert de "liberté", est-ce à préciser ?) avaient déjà fait au Rwanda et au Congo plus de 4 millions de morts, soit la plus grande tuerie après la seconde guerre mondiale. Sympa comme nouvelle. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

A l'écoute, et pourtant dieu sait combien je m'en préserve, des "news" toutes fraîches de nos chaînes corrompues, je n'ai pas pu faire autrement, même en résistant très fort, que de me dire que l'enfer était bien sur terre et nulle part ailleurs.

En France 300 000 personnes souffrent de troubles directement liés au travail et on dénombre 1 suicide par jour, dont 18 seulement sont reconnus par la CPAM. Le travail, seule raison de vivre que l'homme ait trouvé jusqu'à ce jour, n'est plus. Les ordinateurs nous remplacent partout et les patrons s'en foutent plein les poches tandis que la misère s'installe au coeur de toutes nos cités. Et bientôt le cancer touchera un individu sur deux... Vive le progrès !

Où peut-on trouver autant de sang qui coule que sur nos écrans ? De pleurs, de cris et de souffrances que dans nos transistors ?...

Et pourtant toutes ces fictions que nous regardons sont si loin de la réalité vraie. Un enfant de 18 mois meurt sous les crocs d'un chien, une mère congèle ses bébés, un dictateur sanguinaire brûle sa propre terre, le Vatican reconquiert la Slovaquie, Condoliza tente un dernier baroud d'honneur, tandis que meurent ses concitoyens, pour rien, comme au Vietnam, comme en Algérie, comme en Indochine, car le français n'est pas exempt d'exactions criminelles... Tant et tant d'horreurs qui font de l'enfer promis par toutes nos diaboliques églises un paradis, ne serait-ce que pour la franchise de toutes ses cruelles promesses.

Quel scénariste, Stephen
King compris, pourrait écrire ce que la réalité met en scène jour après jour dans un monde qui se meurt sous des flots de gaz toxiques, à l'heure des plus belles découvertes qui devraient en faire un paradis ?

J'ai donc la télé. Maintenant, j'suis comme tout l'monde, j'suis reformaté. Elle est là qui me ronge. Avec elle j'suis universel, les yeux dans toutes les misères, le coeur toujours au bord des lèvres, et des larmes plein les yeux. Avec elle, et malgré tout le génie que nous possédons, je prends douloureusement conscience que l'humanité n'est plus qu'un vain mot, même plus une idée, et que notre civilisation n'est faite que de paillettes qui vont bientôt s'éparpiller, nous y compris.

Finalement, Mister Smith (de Matrix) a bien raison :

 «  Je souhaiterai vous faire part d’une révélation surprenante. J’ai longtemps observé les humains, et ce qui m’est apparu, quand j’ai tenté de qualifier votre espèce, c’est que… vous n’étiez pas réellement des mammifères.
       Tous les mammifères sur cette planète ont contribué au développement naturel d’un équilibre avec le reste de leur environnement, mais vous, les humains, vous êtes différents.
      Vous vous installez quelque part et vous vous multipliez, vous vous multipliez jusqu’à ce que toutes vos ressources naturelles soient épuisées, et votre seul espoir de réussir à survivre c’est de vous déplacer jusqu’à un autre endroit...
       Il y a d’autres organismes sur cette planète qui ont adopté cette méthode. Vous savez lesquels ? Les virus...
      Les humains sont une maladie contagieuse, le cancer de cette planète.
     Vous êtes la peste et nous nous sommes l’antidote. »




Je vois notre terre massacrée, je vois l'enfer où nous vivons, je vois les catastrophes que l'on nous annonce se passer sous mes yeux, les eaux contaminées, les baleines échouées, les poissons ventres en l'air.

Je vois les émanations de gaz toxiques ronger notre peau et le trou d'ozone s'agrandir, la noirceur de notre atmosphère et la bizarre couleur des pluies acides.

Je vois nos rivières se couvrir d'écumes fatales, nos saisons disparaître, je vois les séismes qui nous frappent, l'exploitation criminelle des entrailles de notre terre, je vois les poisons déversées dans nos sols, je vois d’innocentes victimes assassinées pour les trésors de leurs terres, la faune et la flore saccagées, les forêts rasées qui fabriquent nos journaux bons à jeter.

Je vois les champs génétiquement modifiées, leurs gènes se propager sur toute la planète, je vois les vaches folles, les oiseaux tueurs, les rats porteurs de la peste, ils ne mourraient pas tous mais tous étaient frappés.

Je vois les champs d'ordures fétides dans lesquels des misérables viennent chercher leur nourriture, les sacs plastiques recouvrir nos arbres.

Je vois les fosses pleines de déchets atomiques, les portables nous ronger la cervelle, les micro-ondes atomiser nos assiettes.

Je vois qu'on torture et qu'on assassine pour une religion, une couleur, je vois des femmes sous des bombes mâles, des enfants irradiés par des soldats drogués, je vois des armes terribles, des génocides à la pelle de la chaux des charniers.

Je vois des arsenaux fleurir, des armes innommables pour des guerres perdues d'avance, je vois des dégats irréversibles, je vois la prolifération de nouvelles maladies issues des cerveaux dérangés de chercheurs corrompus.

Je vois les dérives, je vois le sacrifice de tous les règnes sur l'autel de la science, je vois les puces qu'on va nous implanter.

Je vois la propagande sur mon écran, je vois ceux qui volent l’eau, l’or jaune et l'or noir, l'opium et la coke, je les vois profiter et s’enrichir, je les vois pactiser avec les tortionnaires et les assassins.

Je vois leur opportunisme, leur ambition dévastatrice, leur indifférence et leur mépris du genre humain, je vois leur avidité, leur cupidité, leur vanité.

Je vois qu'on viole aux quatre coins du monde, hommes, femmes, enfants et droits de l’Homme.

Je vois les semeurs de discorde, les profiteurs, les manipulateurs, les pollueurs, les vampires, les criminels aux mains ensanglantées assis sur des trônes que nous leur avons érigés, leurs dents longues et leur queue fourchue cachée sous les plus beaux atours jusque dans le coeur de nos églises...

Je vois... Je sais...

Ainsi soit-il.




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L
J'allais te dire que la télé j'men fous ...mais surtout  que pour le coup je te trouve vraiement stressé ...que tu ferais bien de chercher les reportages animaliers d'ARTE ou ses docu de voyages...le reste on le connaît trop - pour aujourd'hui j'ai seulement envie de regarder cette magnifique photo de Femme pleurant cette larme rouge ...elle est d'une beauté merveilleuse ....!  Bisous Chris.
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E
Aouh ! ton texte me parle, me hurle même.<br /> Je vois que la télé insinue la peur inlassablement.<br /> La peur dont on crève car c\\\'est la peur de vivre.<br /> Ayons peur des soldats, des africains, des jeunes mères, des enfants poisseux, des oiseaux inconnus, des animaux qui se meuvent encore et de ceux qui sont dans nos assiettes.<br /> Achetons bio, de marque, sécurisés, labélisés pour se protéger des soldats, des africains, des jeunes mères, des enfants poisseux, des oiseaux inconnus, des animaux qui se meuvent encore et de ceux qui sont dans nos assiettes.<br /> Eteins-moi cette merde, loue des DVD.<br /> Avec amitié
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C
Oui Eve... Oui.