Les fractures de l'âme

Publié le par Chris

Durant mon passage à l'hopital de Millau, une expérience que je déconseille fortement à tout être civilisé, j'ai pu lire un bouquin du Docteur Fabrice Dutot, assisté pour l'écriture par Louise L.  Lambrichs paru chez Robert Laffont en 1988. A la page 223, j'ai été scotché par ces quelques lignes qui résument ma pensée à un point que je n'aurai jamais cru possible... Ca donne ça :

" Comment, en effet, une pensée aussi négative que le déterminisme engendrerait-elle un monde vivable ? Ce monde, c'est bien nous qui l'avons fait ainsi, non parce qu'il est mauvais (il n'est au départ ni bon ni mauvais) mais parce que nous le pensons ainsi.  (...) Si nous ne voulons pas sombrer dans une inhumanité qui progresse chaque jour et dont la plupart des gens fuient le spectacle en absorbant quotidiennement (et impunément) des drogues, il est temps de penser autrement."

Ici, l'auteur entend par drogue : les loisirs, la télé, surtout la télé, l'alcool, le tabac, les stupéfiants, tout ce qui concourt à nous faire oublier tous nos tracas et problèmes existentiels, tout ce qui favorise la fuite de notre quotidien.

(...) "Qu'est le progrès s'il n'engendre, humainement, que régression ?"

(...) "S'est-on jamais demandé pourquoi, avec les fameux progrès que nous avons accomplis dans le domaine scientifique (et qui sont réels), nous ne sommes pas tous centenaires dans une société florissante ? Il suffit de regarder autour de soi pour n'observer que décadence, décadence dorée, mais décadence.

(...) "Qu'attendre d'autre d'un demi-siècle de pensée déterministe et négative ? Qu'engendre le fatalisme sinon la peur, l'angoisse et, à terme, le désintérêt et la résignation ? La voilà, notre mort. Elle est dans nos pensées. Et si nous voulons continuer, c'est facile, la pente est naturelle, savonneuse même. Penser, penser vraiment, "suivre sa pente en la remontant" comme le disait Gide, est plus difficile. Guérir est difficile. Il faut le vouloir. On se laisse mourir. Mais on ne se laisse pas vivre. Ce rêve-là, personne ne l'a jamais réalisé, même s'il nous hante comme le paradis perdu. Et cette fameuse civilisation des loisirs, qui a empoisonné les esprits en les paralysant, en leur offrant mille compensations, n'est qu'un leurre et prend l'allure, aujourd'hui, d'un pacte avec le diable. Car elle nous tue. Notre rêve est-il vraiment de vivre suralimentés, devant un poste de télévision qui passe d'histoires qui n'arriveront jamais à personne à des actualités sanglantes qui occupent l'autre côté du monde, nous maintenant dans l'illusion que nous sommes protégés ? Oui, notre civilisation, elle aussi, comme les individus qui la composent est malade de son histoire."

(...) "Avons-nous peur de la mort ou de la vie ?"

(...) "La vraie question pour moi n'est pas de me battre contre qui ou quoi que ce soit mais de vivre et d'aider à vivre."

Publié dans Citations

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