Henri Laborit

Publié le par chris StJames

Henri Laborit (1914-1995), grand spécialiste de l'émotion, chirurgien, philosophe et chercheur en micro-biologie et biochimie, indiquait clairement dans La colombe assassinée sa position à ce sujet :

" On conçoit, en passant, que les grands progrès de la médecine moderne, comme on dit, ne sont que les grands progrès de la médecine d’urgence. Nos connaissances fondamentales concernant les processus biologiques se sont considérablement enrichies au cours de ces dernières décennies et elles ont permis de mieux comprendre ce qu’est un être vivant et un homme en particulier. Mais sur le plan de la thérapeutique, nous voyons que nous ne pouvons nous adresser qu’à un individu malade, à un instant présent, et que sa maladie n’est que le résultat, en grande partie, de la façon dont il a réagi à son environnement présent, avec tout son acquis passé qui nous reste strictement inconnu. Enfin, comme, si nous voulions en prendre connaissance, nous devrions passer par l’intermédiaire du langage, un langage prononcé par l’individu qui ignore ce qu’il est. Il est pratiquement impossible de faire une médecine s’adressant à l’étiologie sociale, historique de l’individu, et l’on doit se contenter d’une médecine étroite, empirique, du moment présent. Certes, avec les antibiotiques, beaucoup de maladies infectieuses ont disparu. Si j’avais une pneumonie, je serais content qu’on utilise de la pénicilline pour me traiter. De même, si j’étais atteint d’un ulcère perforé, j’aimerais qu’un chirurgien adroit et un anesthésiste compétent permettent l’ablation de l’ulcère et même de l’estomac où l’ulcère est apparu. Il m’éviterait ainsi la péritonite mortelle. Mais dans les deux cas, pris comme exemples, pourquoi ai-je fait une pneumonie et pourquoi ai-je fait un ulcère qui s’est perforé ? C’est parce que j’étais en inhibition de l’action. Or, les raisons qui font que j’étais en inhibition de l’action sont enfermées dans mon système nerveux, dans son histoire, dans ses automatismes inconscients. En d’autres termes, nous soignons au niveau d’organisation de l’individu les effets qui ont pris naissance aux niveaux d’organisation englobants, c’est-à-dire au niveau des groupes social, familial, professionnel ou d’une société globale, car nous négocions notre instant présent avec tout notre acquis mémorisé inconscient.

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