Stopper-le-monde

Publié le par Christian Pélier

De tête, c'est l'histoire faussement vraie d'un chercheur de province qui veut tout savoir sur les champignons peyotl et n'a rien trouvé de mieux que d'aller l'apprendre chez un vieil indien paumé au milieu d'un nowhere absent de toutes les cartes, et qui s'avère en fait, le hasard est vraiment bien fait, le grand spécialiste, peut être même le dernier, des champignons bidules et autres petites herbes opiacés formellement interdites en nos contrées mais aussi faciles d'accès que le tabac au coin de la rue.
Voilà pour le décor. Il est beau, l'un est jeune, enthousiaste et veut tout savoir, l'autre est vieux, presque indigent et en sait tellement qu'il en a oublié son histoire personnelle (légende personnelle dirait Coelho), de quoi faire un bon suspens tant ils sont opposés. L'Auguste et son facétieux. Bref.
Maintenant, tu en sais autant que moi. Enfin presque. Et tu te demandes pourquoi ce titre ? Je sais. C'est la question que je me suis posée en achetant le bouquin de Carlos Castaneda : comment on fait pour "stopper-le-monde" ? Suivie de : pourquoi faire ?, stopper quoi ?, mais de quoi il parle ?
De tête, toujours, même si le bouquin est posé à côté de moi et me regarde l'écrire, "stopper-le-monde", note les tirets il en a fait une expression composée, c'est décider une fois pour toute d'en terminer avec tout ce que l'on croit ou croit savoir. Tout poser, et ça allège tu le comprends, pour laisser un nouveau monde arriver. C'est beau, je le concède. Et pas facile à faire je l'avoue. On transporte tant de choses dans notre caboche, des trucs biens, des moins biens, des très durs, mais qu'on garde quand même, pour ne jamais oublier de souffrir chaque jour comme on nous a appris à le faire. C'est si lourd tout ça. Ben l'indien, il sait comment faire pour repartir sur de nouvelles bases :


"Notre réalité n'est qu'une description parmi beaucoup d'autres."
" Il insistait sur le fait qu'il m'apprenait comment "voir" et non à "regarder", et que la première étape pour "voir" était de "stopper-le-monde".
"Quiquonque veut stopper ses semblables doit toujours être extérieur au cercle qui les opresse."
"L'insistance avec laquelle je m'agrippais à ma vision habituelle de la réalité m'avait pratiquement rendu imperméable aux intentions de Don Juan."
 "La fin de l'apprentissage signifia que j'avais appris de manière convvaincante et authentique une nouvelle description du monde, et qu'ainsi j'étais devenu capable de susciter une nouvelle expression du monde qui s'accordait avec cette nouvelle description."
"En d'autres termes, j'avais gagné mon adhésion."


Car tout commence par là. Par moi, par toi, par chacun d'entre nous, quelle que soit sa taille, sa couleur ou son poids, jusqu'au plus insignifiant, celui qu'on ne voit pas et qui pourrit tout doucement par manque d'amour à commencer pour lui. Rien ne peut se faire sans toi ni moi, car aussi petit que nous soyons au regard de l'omnivers, nous avons tous notre place ici et maintenant et sommes là pour embellir. Ca commence juste dans nos pensées.
Il a raison, le vieil indien... Ca fait des choses de lire, des grouic-grouics dans l'estomac, des noeuds au cerveau. Tu veux que je te dise ? Lis-le. Tu aimeras si tu es arrivé à ce point de mon discours. Ca te fera chaud au coeur et le sens de ta vie te semblera plus clair.

PS : tu te diras peut-être "c'est pas possible", je le fais encore, mais tu vois je sais qu'il a raison : rien n'est inventé, car la réalité dépasse toujours la fiction.

"Stopper-le-monde" par Carlos Castaneda. Merci à toi, de tout mon coeur.

Publié dans Prof

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